Ooho, la bouteille d’eau comestible qui veut en finir avec le plastique



Chaque année, les mers et océans du globe absorbent, selon les chiffres de la Commission européenne, 10 millions de tonnes de déchets, pour la plupart en plastique. Dans certaines zones de l’Atlantique ou du Pacifique, on parle même d’un “septième continent de plastique” tant les quantités de détritus amassés sont importantes. L’une des principales responsables de ce fléau qui menace fortement l’écosystème des océans : la bouteille en plastique et ses quelque 50 milliards d’unités produites par an.

Dans ce contexte, trois étudiants en master - dont deux Français - au Royal College of Art à Londres ont imaginé Ooho : une bouteille entièrement comestible constituée de plusieurs bulles d’eau de 4 cl chacune, soit l’équivalent d’une gorgée. “Nous nous sommes inspirés d’un vieux processus breveté par Unilever dans les années 1960 qui consiste à créer des gouttelettes de gélatine avec du calcium et des algues brunes. Cela donne une sorte de membrane souple imitant celle du jaune d’oeuf par exemple”, explique Pierre Paslier, l’un des trois cerveaux derrière le concept Ooho dont les premiers prototypes sont apparus il y a à peine un an, à l’été 2013.

“N’importe qui peut créer des Ooho chez soi”



“Ce qui est assez intéressant avec cette invention, c’est que n’importe qui peut créer des Ooho chez soi : ce n’est pas de la chimie lourde, les ingrédients sont simples à se procurer et les manipulations sont de l’ordre de la cuisine”, poursuit l’étudiant de 26 ans. La procédure, déjà utilisée en cuisine moléculaire, est en effet à la portée de tous comme en témoignent bon nombre de tutoriels vidéos disponibles sur la Toile.

Approbation, stupéfaction, dégout parfois… les réactions des cobayes qui se sont essayés à Ooho sont nombreuses. Tous, en revanche, témoignent d’”un véritable intérêt pour le projet et d’une envie de changer les modes de consommation actuels”, assure Pierre Paslier. Et c’est justement ce qui a fasciné la presse anglo-saxonne au point de créer un buzz depuis le printemps dernier. ABC News, Smithsonian Magazine, The Huffington Post, The Independent, Mashable… sont autant de références qui ont fait de Ooho la future bouteille d’eau qui résoudra le problème du plastique à travers le monde. Plusieurs multinationales comme Google et Tesco sont également entrées en contact avec les trois étudiants, “juste pour discuter”, assure Pierre Paslier, mais l’aventure ne fait que commencer…

Étiquettes en papier de riz et nouveaux arômes


(De g. à d. Rodrigo Garcia Gonzalez, Guillaume Couche et Pierre Paslier)

Grâce aux nombreux soutiens reçus et à toute cette bonne presse, les créateurs de Ooho voient de plus en plus loin. “En ce moment, nous sommes en train de travailler sur l’ajout d’une touche un peu mentholée ainsi que d’autres parfums sur le modèle des eaux aromatisées qui existent déjà dans le commerce”, indique Pierre Paslier.

Pour que les bulles d’eau soient transportables et utilisables au quotidien, le trio a déjà imaginé un packaging : “Exactement de la même manière qu’une clémentine ou une orange est composée d’une peau et de plusieurs quartiers, nous avons conçu une grosse membrane extérieure plus épaisse et plus solide qui retient à l’intérieur plein de petites Ooho. On peut ainsi consommer les bulles qui se trouvent à l’intérieur et jeter la membrane biodégradable extérieure une fois que toutes les gorgées ont été avalées”, explique Pierre Paslier. Les trois inventeurs ont également pensé à utiliser des étiquettes comestibles sans adhésif à base de papier de riz.

Vers une distribution de Ooho sur les marathons ?

Même si Ooho n’est absolument pas près de se retrouver dans les rayons des supermarchés - pléthore de contrôles sanitaires obligent -, Pierre Paslier et ses deux acolytes espèrent tout de même commencer à tester le produit à plus grande échelle : “Nous aimerions distribuer Ooho dans des événements courts où l’on contrôle parfaitement la durée de vie du produit. C’est le cas sur les marathons où l’on distribue bouteilles et gobelets en plastique que les coureurs attrapent au vol, consomment et jettent dans la foulée.”

New York, Londres, Paris… l’histoire ne dit pas encore quels seront les premiers marathoniens à goûter à la bouteille du futur. Mais en attendant, l’équipe de Ooho poursuit avec enthousiasme dans la voie qui la passionne le plus : la recherche et développement. “On ne veut pas d’un 'business model' classique, ni devenir une start-up qui dépose des brevets à tout va. Grâce au soutien de Climate KIC, un incubateur de startups financé par l'union européenne, nous allons pouvoir nous focaliser sur le développement dès le mois de septembre”, affirme Pierre Paslier. Disponible en open source - donc libre d’utilisation et reproduction -, la recette de Ooho sera diffusée sur Internet très prochainement.

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