mar, 10/07/2014 - 06:47
Le challenge vert d’un navigateur qui n’avait pas peur du changement climatique
Au départ, Sylvain Fortier n’était pas vraiment ce que l’on pourrait appeler un solitaire dans l’âme. Ni même un marin professionnel. Pourtant, à presque 40 ans, ce Québécois vient de compléter un tour du monde écologique à la voile, seul et quasiment auto-financé. Le but de son périple : planter des arbres sur chaque continent pour sensibiliser les populations au renouvellement des ressources naturelles de la planète et pour prouver que des initiatives individuelles peuvent faire avancer le débat.
Après deux années tumultueuses, plus de 33 000 miles nautiques parcourus et 13 pays visités, Sylvain Fortier est arrivé à la marina de la Chaudière près de la ville de Québec samedi 27 septembre, la tête chargée d’aventures plus ou moins heureuses à raconter. Tempêtes, ouragans et autres caprices météorologiques… l’image d’une paisible croisière idyllique a rapidement été balayée. Et à de nombreuses reprises le navigateur a voulu tout abandonner. Quatre mois à peine après son départ en 2012, c’est au large des côtes brésiliennes que les ennuis commencent. “J’ai brisé mon mât, puis dans la foulée, je me suis coupé le tendon du petit doigt. J’ai réussi à récupérer mon mât mais pas mon doigt”, raconte-t-il. Contraint à l’opération, Sylvain Fortier rentre au Canada, en avion, pour se faire soigner. “J’ai dû tout interrompre pendant six mois. Mais je suis quand même reparti.”
Retrouver confiance en lui
Du Brésil, Sylvain Fortier pensait alors arriver assez aisément en Australie. “Mais la mer était bien trop mauvaise. C’était l’hiver dans l’hémisphère sud et je me suis retrouvé à faire face à des vagues de 8 à 10 mètres. Mon bateau a failli se renverser, une vague m’a submergée, ma voile a été déchirée, mes ordinateurs se sont fracassés, ainsi que mon chauffage et l’eau est rentrée jusqu’à l’intérieur de la cabine. Même mon couchage était mouillé, c’était l’enfer.” Après une escale impromptue en Afrique-du-Sud où il a bien évidemment pensé à disséminer quelques graines, Sylvain Fortier parvient à remettre son bateau en ordre et à retrouver confiance en lui.
Aucune de ses traversées n’aura été de tout repos. “J'ai frappé le plus gros ouragan, qui s'appelait Amanda, jamais enregistré dans le Pacifique depuis 1971”, rapporte-t-il. Pourtant bien préparé, ce néo-explorateur explique que les intempéries qu’il a essuyées sont bien plus intenses que tout ce que les livres et des années de pratique lui ont inculquées jusqu’à présent. Il en est aujourd’hui convaincu, ce qu’il a subi de plein fouet sont bel et bien les affres du changement climatique.
À terre, les meilleurs souvenirs
Malgré les difficultés, les obstacles, les blessures, ce sont surtout les escales que Sylvain Fortier retient de son épopée verte. “Les moments les plus forts c’était quand je rencontrais les gens à terre, que je plantais des arbres avec eux. J’ai toujours été très bien accueilli.” Contrairement aux grands navigateurs contemporains “qui ont souvent beaucoup de ressources et n’en font pas grand-chose”, Sylvain Fortier, lui, n’a pu compter que sur lui-même - ou presque - pour essayer de relever son défi et de rendre à la nature une infime partie de ce qu’elle a à offrir. Avec sa volonté d’acier, son courage et quelques 10 000 dollars de dons en poche, Sylvain Fortier a passé deux ans à rêver, deux ans à naviguer sur les traces des grands explorateurs et colonisateurs, “sauf qu’au lieu de venir prendre des terres, j’ai essayé de donner aux populations. Je rentre très endetté financièrement mais tellement riche d’autres choses” plaisante-t-il.
Pas encore tout à fait revenu sur terre, Sylvain Fortier tente désormais de reprendre le cours de sa vie. “Pour l’heure, je vais certainement prendre un travail dans la rénovation ou un petit job dans la restauration”. Il devrait également donner des conférences dans des écoles et des universités pour sensibiliser le jeune public à l’environnement. Et dans un futur proche, ce passionné se revoit déjà sur les eaux pour un projet au Sénégal, son pays coup de cœur. Mais pas en solitaire cette fois-ci. “Je veux amener des gens, des décideurs avec moi, les amener voir et vivre l’Afrique. On ne voit le monde qu’à travers les crises et les guerres. Il y a aussi plein de gens qui font de belles choses, pour le bien de la planète. Je veux montrer cela, montrer du positif, montrer que ce que peut faire l’Afrique et que le Sénégal c’est bien l’un des plus beaux endroits au monde !”, conclue-t-il avec cette détermination et cet espoir débordant qui l’ont porté sur les océans du globe.
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>> En France, quatre amis viennent de se lancer dans un projet similaire de tour du monde écolo et engagé. Pour en savoir plus et les soutenir : Eco Sailing Project.
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